Les quatorze récits regroupés dans cette nouvelle édition de Combats répondent à un schéma narratif unique qui est aussi un mode opératoire : un gang d’individus masqués et costumés entre par effraction dans un lieu, y affronte une autre bande de types masqués et costumés, puis s’en échappe. Il s’agit chaque fois de se rendre d’un point A vers un point B en occasionnant un maximum de casse et en éfaisant un maximum d’adversaires, tandis qu’au plus haut de la forteresse ennemie, en son cœur le plus retiré et le mieux gardé, se tient un « boss » à neutraliser…
De ce synopsis de jeu d’arcade, Yûichi Yokoyama tire d’inlassables combinaisons de formes, enchaînements d’actions, inventions de situations et d’images. Dans des décors géométriques rendus hostiles par l’accumulation d’onomatopées agressives, ses personnages font feu de tout bois. Sabres, assiettes, couteaux, robinets, canons, fleurs en pot, roquettes ou livres sont indifféremment placés au service d’un intense déferlement d’actions sans affect, sans réalisme ni morale, dont il reste impossible de cerner les motivations. Prenant tour à tour l’allure de missions commando, d’expéditions punitive ou de guerre mafieuse, ces affrontements paraissent, à l’image de la bande dessinée qui les porte, venir de nulle part et aussi vite y retourner.
Afin de fêter les vingts années d’activité des Éditions Matière qui sont aussi vingt années de publication de Yûichi Yokoyama, Combats est ainsi réédité dans un format plus grand doté d’une reliure adaptée à la lecture panoramique des double pages, mais surtout augmenté de cinq récits inédits introduits par un texte de présentation largement illustré qui revient sur les débuts de l’auteur et recontextualise le tout premier entretien accordé par Yokoyama.